Date Jeudi 9 février 2006
Heure 14:00
Température Trop chaud pour siester
Journal de bord:

L'épopée du Parc W


J'ai touché au soleil africain! Vous devriez voir le coup de soleil sur ma main!

Mon séjour en Afrique débute en grand avec la visite du dernier Parc nationale d'Afrique de l'Ouest; le Parc du W. Avec ses 3800 km carrés, il s'étend sur trois pays soit le Burkina Faso, le Bénin et le Niger. 150 km le séparent de la capitale. Pour s'y rendre nous avons deux options soit en Jeep par les chemins de terrines ou encore en pirogue par le fleuve Niger qui passe au travers de Niamey.

La pirogue de l'amitié! Nous étions couchés sur la largeur de la pirogue. En première classe, les pieds qui traînent dans l'eau.

J'ai la chance de me joindre à un groupe de 11 québécois qui partent pour le Parc en pirogue à partir de Niamey. Le plan: Vendredi 8:00 am, nous chargeons la pirogue avec la nourriture et l'eau pour les trois jours que durera l'Épopée Parc W. Certains arrivent à tout faire rentrer dans leur backpack, d'autres arrivent avec leurs deux glacières et leurs boîtes de carton... On se demande si le bateau peut prendre autant de bagages. Finalement les piroguiers font des miracles et tout fini par  rentrer. "ALL ABOARD"  c'est un départ! Ça ne fait pas 30 minutes que nous sommes sur le fleuve que nous apercevons un hippopotame. Vraiment impressionnant de voir cette méga masse disparaître sous l'eau! Et si jamais il remontait sous notre pirogue? Selon le piroguier, ça arrive de temps en temps mais lui ça n'y est jamais arrivé encore. Je me dis qu'on est 12 et que la rive n'est pas très loin, si l'hippo nous fait renverser et qu'il a faim, j'aurai juste à être celui qui nage le plus vite.

C'est vraiment impressionnant de voir défiler sur les rives du fleuve de petits villages pratiquement faits  entièrement de paille et de terre cuite.

 

On dirait qu'il y a des gens partout sur les rives du fleuve. Après deux heures de pirogues, nous faisons la première pause-pipi sur une île qui à première vue nous paraît déserte, pas le temps de baisser le zipper que 4-5 enfants sortant de nul part crient "Anassara! Anassara!" (Blanc! Blanc!). J'attendrai la prochaine pause finalement...  Il le connaît en maudine son fleuve le piroguier, car sur 150 km il sait exactement à quel manguier arrêter pour le pique nique du midi. À vrai dire ce sont deux manguiers collés qui font un super endroit ombragé, (au Niger ça vaut cher de l'ombre!). Avant le dîner, je vais me perdre en brousse pour faire ce que j'avais remis à plus tard sur l'île simili déserte du matin. Première fois que je mets les pieds dans la brousse africaine (hors de la capitale), je m'éloigne assez pour ne plus entendre les bruits provenant du groupe, ça y'est je suis seul dans la brousse... Je fixe les longues herbes dorées qui ballottent au vent... J'entends un drôle de bruit dans les herbes... Inconsciemment je mets la main sur mon canif. Et si c'était un phacochère ou mieux (pire?) un lion! Je monte sur une petite butte, je réussis à voir le monstre africain à travers les herbes...  Une vache qui broute!  Moins excitant que je me l'étais imaginé...  Je retourne sous le manguier manger mon porc en canne sur des croûtons de pain sec. (On m'avait dit de voyager léger!) (Qui me l'a dit? Je le sais ben pas... Je crois qu'il y a 11 glacières sous le manguier).

 

Une fois le repas terminé, des petits enfants sortent des buissons pour venir récupérer nos déchets... Ils récupèrent tout! Les verres de plastiques, les cannes vides, les morceaux de pain...

 

C'est au marché de Say que j'ai touché à un chameau pour la première fois de ma vie! Ce n'est qu'après que j'ai appris qu'un chameau c'est pas comme un cheval, quand ça kick ça kick de côté... 

Après cette pause, nous avons pris la direction du village de Say, cette journée là c'était la journée du grand marché. Plein de bonnes occasions de photos, mais je suis encore un peu incertain sur quoi prendre en photo et quoi ne pas prendre. Question d'éviter de me faire courir après par un vieux sage avec sa canne en l'air, j'opte plutôt pour les enfants et les animaux dans mes choix de sujets dans les endroits publics. Je vous parlais de possibilités de stage pour la SPCA ici au Niger... Il fallait voir l'âne se faire monter par les jambes sur le toit d'une mini van! Nous avions mal pour lui! Nous avons aussi vu une vache se faire attacher sur le toit de la même mini van... Décidément, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour le transport des animaux! Il y avait tellement de monde au marché. Nous n'avons pas traîné trop longtemps, le temps d'acheter de la canne à sucre (ça m'a vraiment rappelé Haïti). Après nous avons continué à notre site de camping sur une île face à un village. En arrivant, j'installe rapidement installé mon lit pour la nuit (mon moustiquaire sous un arbre) et je pars explorer l'île au travers du viseur de ma caméra. Résultat de ma chasse: quelques oiseaux colorés, un petit gars sortie de nul part avec son père et un coucher de soleil incroyable sur les marais au centre de l'île. Le souper venu, je sors ma pièce de résistance, ce qui allait m'assurer un repas plus "classy" que tout les autres avec leurs glacières,  rien de moins que du Cassoulet en canne! Pendant le souper nous entendons des "Boum boum boum boum" je n'aperçois pourtant pas de Honda Civic au loin... Ce sont les villageois sur la rive d'en face qui se pratiquent pour un spectacle qu'ils nous feront une fois que le piroguier leur fera le signe de torche annonçant la fin du souper. Vers 21:00 une dizaine de pirogues se dirigent vers notre île en provenance du village d'en face. Les plus vieux dansent sur les rythmes africains pendant que les plus jeunes nous demandent pour des "bic". Allez savoir pourquoi, ici les stylos Bic c'est comme de l'or en barre. Il y a presque eu un émeute quand Gaston, le TSO du voyage (très sympathique organisateur),  a sorti un étui de crayon plein de bics. Les plus vieux ont fini par contrôler les plus jeunes et à les faire mettre en rang pour la distribution des Bics. Fait hétéroclite... À trois reprises dans la soirée des jeunes et des moins jeunes sont venus me voir pour que je trouve solution à leurs problèmes de santé... Avec ma barbe de trois jours et ma moustache rousse, me semble j'ai pas trop de l'air d'un médecin ou d'un guérisseur. Bref ça vous donne une idée combien ça doit être difficile d'être malade en brousse sans aucune ressource médicale à proximité.

C'est lui le petit Kirikou sortie de nulle  part. C'est aussi Gaston, sortie d'Oxfam Québec.

À la fin de la soirée, les jeunes sont reparties sur leur pirogues continuer la fête sur leur rive. De notre côté, la plupart sont allés se coucher sauf Marjolaine, Gaston (TSO), une enseignante au Cegep dont j'oublie le nom qui est en stage à Niamey et moi. Nous sommes restés sur le bord de l'eau à manger de la canne à sucre et à regarder les étoiles! (Souvenir d'Haïti une fois de plus!) Nous avons tenté de communiquer en code morse avec les villageois sur l'autre rive à l'aide de nos lampes de poche, nous voulions qu'ils viennent nous chercher en pirogue pour terminer la soirée dans leur village. Notre code morse ne doit pas être au point, ils ne sont pas venus. Le lendemain, nous rembarquons dans la pirogue pour une autre journée de transport. Le midi nous sommes arrêtés dîner sous l'ombre d'un autre manguier, à côté de nous il y avait un troupeau de vaches mené par de jeunes Peules sous la supervision d'un plus vieux.

 

 

Être berger, c'est du sérieux pour ce petit garçon Peule.

 

 

Après cette dernière pause, nous avons mis plein gaz direction Parc du W. Étant un parc national protégé, c'est vraiment frappant de voir la différence entre la rive droite du fleuve qui est non protégée et celle de gauche qui l'est, l'une est désertique avec quelques arbres tandis que l'autre protégée a une végétation très dense et une faune très diversifiée. Une fois rendues dans la région du Parc, nous avons vu un aigle à tête blanche (celui des États-Unis!) et des babouins qui s'abreuvaient sur le bord du fleuve. Pour la dernière nuit, nous avons installé notre campement sur la rive face à l'entrée du Parc donc pas de lion de notre côté. Avant de me coucher, je suis partie explorer l'île avec Marjolaine à la recherche de bébittes qui sortent la nuit seulement. Des sensations fortes à chaque fois qu'on soulevait une belle roche plate, mais rien à signaler sauf quelques petits lézards avec des gros yeux sphériques. Je finirai bien par l'avoir mon serpent...! Le lendemain matin c'est le réveil à 4:30 pour un départ dans les sentiers du parc en 4x4 à 6:00am pour surprendre les animaux à l'aube. Nous partons avec deux jeep LandRover d'Oxfam et un petit Pick-up. Question de bien vivre l'expérience Safari, je m'installe debout dans la boîte du pick-up ma caméra dans une main et l'autre qui tente de me retenir au camion.(Ça brasse ces sentiers là!). Première observation de la journée, deux Buffles mâles qui se battent cornes contre cornes. Vraiment impressionnant de les voir se charger dessus à pleine vitesse. Ensuite j'aperçois des vautours percher sur un arbre, deux petits coups sur le toit du camion et on s'arrête pour les photos.

 

 

 

 

J'ai jasé un peu avec lui, c'est son cousin qui jouait

dans Lucky Luke.

 

Tout le long du fleuve, il y a une grande diversité d'oiseau à observer.

 

 

Premier arrêt, une mare où ont l'habitude d'aller boire les buffles et les éléphants. Des traces d'éléphants, mais rien en vue, j'en profite pour aller me perdre du groupe. Wow, là c'est vrai qui pourrait avoir un lion! C'est comme le feeling de faire du sport extrême mais sans le sport... Après avoir photographié quelques paysages de la savane, je regagne le groupe sans que personne ne se soit questionné sur ma disparition (inquiétant?). Prochain arrêt vingt kilomètres plus loin à un point d'eau où il y a souvent des éléphants. Vingt kilomètres à se faire barouetter dans la boîte d'un pick up, dans la savane, sous le chaud soleil africain à la recherche des lions, éléphants, gazelles et autres... c'est pas la belle vie ça? Une fois rendu au point d'eau j'aperçois un petit singe passé au loin. Je m'esquive du groupe en douce pour le retrouver... Qu'est ce que j'aperçois sur mon chemin? Une belle trace de lion. "Hmmm... pas sûr" me dis-je.. Je regarde dans les buissons autour... pas de lion. Hop je continue à traquer le singe! Pas le temps de le retrouver que le guide vient me chercher avec l'air un peu désespéré. Il me dit qu'il ne faut pas se séparer du groupe, il y a des lions... Je fais mon innocent: "Oh il y a des lions même ici! Je ne savais pas... Désolé" En revenant il me montre les mêmes traces que je venais de photographier. Je les rephotographie juste pour faire plus crédible...  Hihihi

 

 

 

La trace du lion

 

 

J'ai donc rejoins le groupe qui regardait un crocodile se faire griller sur le bord du point d'eau. Plutôt impressionnant à voir, surtout quand on le voit rentrer dans l'eau et disparaître et qu'il n'y a qu'un mini cours d'eau qui nous sépare... Le guide a dit qu'il ne viendrait pas de notre côté car il n'y avait pas d'ombre. "Mais monsieur, le crocodile avant de rentrer dans l'eau il n'était pas à l'ombre..." pas de réponse du guide, moi je prends mes distances du bord de l'eau... On rembarque dans le pick-up pour aller voir plus loin sur le point d'eau... En chemin on rencontre une dizaine de singes qui traversent le chemin. Sur l'heure du midi nous sortons du parc pour aller acquitter nos frais d'entrées à la barrière, sur le chemin nous apercevons plein de gazelles, elle reste près du village pour éviter de rencontrer le lion.

 

 

Les petits singes qui veulent pas être photographiés

Le gros crocodile avant qu'il disparaisse sous l'eau

Nous retournons dîner sur le bord du plan d'eau. Après le dîner c'est le branle-bas de de combat, les éléphants sont ont été aperçus à moins d'un kilomètre sur le plan d'eau. Hop! On saute dans nos jeeps,  moi dans la boîte du pick up et le chauffeur écrase le champignon direction les éléphants. L'éléphant est bel et bien là! Il est sur le bord du point d'eau et semble s'abreuvé. Il y a des crocodiles qui passent sous sa trompe et ça semble même pas le stresser.

L'éléphant qui pose juste avant qu'il sorte ça cinquième jambe pour uriner. (Afficher les photos rendrait mon site 18ans +)

 

 

L'éléphant fut le clou de la journée. Après nous avons pris le chemin de Niamey en 4x4. Une belle promenade de 2 heures environ sur les chemins de terrine. Pas trop confortable pour le coccyx, mais agréable pour les yeux. Nous traversons plein de petits villages djermas et peules.

 

Pour ceux qui veulent se joindre à moi... Je compte bien retourner au parc en pirogue! Je veux voir le lion!!! Jean-Philippe (autre coopérant) pourra vous accueillir dans sa villa, il a 3 chambres de vide! Alors vous venez?...

 

Mon mandat

Le travail avance! J'ai remis mon offre de service final au secrétaire permanent de l'ONG mardi. Je devrais en avoir des nouvelles aujourd'hui. Hier, nous sommes allés en brousse visiter 3 villages où l'ONPHDB a des projets. Nous avons été remettre des sommes d'argent à deux groupes de femmes supportés par l'ONPHDB grâce au micro-crédit. Je vous dis que voyager jusqu'à ces villages c'est toute un aventure! Un heure sur l'asphalte en sortant de Niamey jusqu'à Birni un gros village, après c'est 1 heure dans la terrine pour terminer par une autre heure dans le sable. Nous sommes reçus comme des ministres dans chacun des trois villages. On nous y sert des repas à chaque fois,  par politesse j'en prends quelques bouchés aux trois endroits même si la grande chaleur coupe un peu la faim.

 

Actualité nigérienne

Un peu d'actualité nigérienne pour débuter. La fameuse caricature de Mahomet a aussi des répercussions au Niger. La présidente du Libéria de passage à Niamey mardi a appelé les nigériens à sortir dans la rue pour prendre part à une marche de protestation. Certaines écoles ont fermé pour laisser les étudiants aller à la marche. Comme quoi un trait de crayon de trop peut faire soulever des millions de personnes à travers le monde!

 L'Université de Niamey a connu une grève étudiante ces derniers jours. La principale revendication des 12 000 étudiants?Avoir une cafétéria qui peut servir plus de 1000 repas (assiette de riz) par jour. Bien différente de nos revendications du printemps dernier. D'ailleurs les étudiants ont congé aujourd'hui pour commémorer l'anniversaire du 9 février 1990 où trois étudiants nigériens ont trouvé la mort lors d'une manifestation étudiante où l'armé a ouvert le feu sur la foule.

Mariage

Ce week-end je vais à un mariage nigérien à Birni chez l'oncle de Kader. De belles photos en perspective et beaucoup de danse! À suivre... Des photos suivront dans la section Photographie plus tard cette semaine!

 

Je vous laisse avec cette magnifique petite fille Djerma qui était sur notre site de camping le lendemain de notre première nuit sur le fleuve. Je vous expliquerai les cicatrices sur son visage dans mon prochain journal.

Elle s'appelle Khadija et elle vous salue en djerma!

 

 

"Fofo"