Ah! Te revoilà! Toi lecteur! Tu me demandes où j'étais? C'est une histoire assez incroyable mais que je vais tenter de te résumer dans ces quelques lignes; elle commence le 15 septembre dernier, alors que je marchais aux abords d'un champs inondé, (hé oui! tu l'auras peut-être vu aux bulletins de nouvelles, il y a de grandes inondations à la frontière Bénin/Togo, heureusement rien de grave pour notre communauté). Alors je marchais aux abords de ce champs lorsque, croyant enjamber une branche, je réalise trop tard que c'est un Naja, le serpent le plus venimeux de la région. "PSssssss..." il sort la langue... je sors aussi la mienne tentant de créer l'illusion qu'il est face à l'un des siens. Rien à faire, l'illusion ne réussi pas et il  bondi vers moi en enfonçant ces deux crocs remplis de venin sur mon mollet gauche (mon plus beau des deux!). Immédiatement un vieux accoure de sous son manguier ayant été avisé par mon "Ouch! bout de ciârge!". Sa réaction me laisse encore perplexe aujourd'hui... Il prend un bâton et tue le Naja, une fois le serpent mort, il le ramasse et mord dans le serpent avant de répandre son sang sur ma plaie. Un enfant me traduit en français ce que le vieux me marmonne en Fon, le dialecte local, il semblerait que le sang du Naja est le seul anti-venin efficace contre son poison. La suite est un peu catastrophique. N'ayant été que très partiellement rassuré par l'intervention de ce vieux, je ne perds pas deux secondes et je me rends au centre médical de Lokossa. L'infirmière à l'admission me dit que contrairement aux croyances, le sang de Naja est un accélérant à l'effet du venin. Mon coeur étant menacé si le venin devrait s'y rendre, il est décidé de me provoquer un coma artificiel afin de ralentir la circulation de mon sang en attendant l'arrivé d'un spécialiste venant de Cotonou. Le fait est que la route ayant été inondé pendant plus d'un mois, le spécialiste n'a pu atteindre Lokossa que ce matin. Me voilà donc sorti de mon coma artificiel et prêt à mettre cette page web à jour. Quand je vous dis que ce n'est pas facile le poste de superviseur de projet à Jeunesse Canada Monde!

-------------------------------------------------------Fin de la fiction------------------------------------------

Sérieusement, le dernier mois fut assez occupé! À tout ceux qui m'ont prévenu avant le début de ce programme Jeunesse Canada Monde, vous aviez raison, le poste de superviseur de projet ça t'occupe un homme. Tout plein d'imprévus et de prévus à gérer, des petits bobos, des conflits à saveur interculturelle en plus de ceux à saveur interpersonnelle, la recherche de personnes ressources nécessaires au bon déroulement du programme, l'attente de ces mêmes personnes ressources, la gestion de l'absence de ces mêmes personnes ressources... Ça prend du temps tout ça! Donc, oui, j'ai moins de temps à consacrer à ce site que je ne pouvais en avoir l'an dernier lors de mon séjour au Niger. En plus de m'inquiéter pour ma petite personne, faut je le fasse pour 17 participants qui parfois ne s'inquiète pas assez! ("Monsieur! monsieur! j'ai une infection sous le pied depuis une semaine, je peux pu marcher!"). Avec mon homologue béninois Arnaud, nous avons une bonne relation, mais nous sommes très différents. Ayant eu une éducation assez stricte et travaillant dans l'administration béninoise, il est dur de le faire sortir de son rôle de superviseur, mais il fait de grands efforts pour le faire et ça s'améliore de semaine en semaine. Aux niveau des participants, hormis quelques petits écarts de temps en temps, ils vont très bien. Nous avons malheureusement perdu une participants canadienne qui a dû rentrer au Canada pour aller au chevet de son grand père mourant.

 

Arnaud était surpris de se voir sourire quand il a vu ce portrait de lui! Moi qui fait semblant de couper la pelouse avec une machette lors d'une journée communautaire planifié pour les participants. (Comme le montre la photo j'étais vraiment content de jouer avec une machette!)

À ceux qui ont déjà eu à faire avec l'administration béninoise... Bravo! Car il faut être courageux et patient lorsqu'il s'agit d'échanger avec une structure ici! Que ce soit pour la demande d'équipement sportifs à la mairie ou encore pour la recherche de locaux auprès des différentes structures gouvernementales présentes à Lokossa,  il y a toujours une demande écrite à remettre, demande qui a la mauvaise habitude de se perdre avant de son rendre à son destinataire ultime après avoir passé entre les mains d'environ 10 personnes. Au début, je me frustrais assez rapidement (renvoyer la même lettre 3 fois à la même personne pour avoir accès à un local), maintenant je prends cela avec un grain de sel et surtout j'apprends à passer par la bande quand nous avons besoin de quelque chose. Bref, les échanges de services sont plus efficaces que les demande écrites car ainsi tout le monde y trouve son compte. Ainsi j'ai été faire l'entretien de quelques ordinateurs dans un ministère afin d'accélérer le traitement de nos nombreuses demandes faites auprès de cette structure, nous avons aussi organisé une journée communautaire où les participants ont été faire une grande corvée dans un collège de Lokossa. Depuis ce jour, nous avons accès gratuitement aux locaux de ce collège pour y tenir nos sessions lors des JAE (Journées d'activités éducatives).

 

La journée communautaire au collège de Lokossa. Un petit coup de soleil et quelques ampoules aux mains en prime!

Au moment où j'écris ces lignes, ça gratte à ma porte. C'est une souris qui veut rentrer! Comme si j'allais lui ouvrir! Elles me gâchent mes matins ces maudites souris, il semble y en avoir une famille dans mon plafond. Chaque matin je suis réveillé par des "beding bedang" (j'aime cet onomatopé!) ce sont des souris qui font un party dans mon plafond. Elles font tellement de bruit que ça fait trois matin que je me lève croyant qu'on cogne à ma porte. Hier je me suis fâché et je suis parti au Grand Marché acheter des pièges à souris. Si je me fis à la grosseur des pièges à rats, les rats doivent être gros comme des chats ici. Finalement c'est peut être des rats que j'ai dans mon plafond. À investiguer... Bref, j'ai acheté deux pièges à souris... Mais c'est là qu'un problème s'est posé à moi: croyez-vous que parce que nos snob souris canadiennes exigent un bon fromage comme dernier repas; les souris africaines seront attirées par ce même mets? Je ne crois pas! L'autre jour, j'ai cherché du fromage pendant 45 minutes au Grand Marché et je n'en ai pas trouvé! Par contre il y a de la noix de coco partout! Tiens! Je vais essayer d'appâter mon piège avant de la noix coco. J'installe avec précaution ma trappe et je m'assois dans mon salon, 15 minutes... rien... 45 minutes... rien... 1:30... rien... 2:00hr "patang" une première victime pratiquement coupé en deux par ce piège un peu trop puissant pour une souris nourris aux noix de cocos. Je vous épargne les photos. S'il y a des demandes spéciales, je ferai un vidéo pour le prochain journal.

Lors de mon dernier journal, je vous ai présenté les taxis-motos utilisés pour se déplacer dans les villes du Bénin. Depuis, j'ai eu la chance de renouer avec les taxis de brousse que j'avais connu au Niger. À la différence qu'au Niger les véhicules semblaient en meilleur état que ce que l'on peut retrouver sur la route ici. Majoritairement des Peugeot 504, ces véhicules 5 places logent habituellement 7 ou 8 clients plus les enfants qui se rajoutent par dessus. La semaine dernière, j'ai débarqué de taxi qui voulait absolument faire embarquer un quatrième client à l'avant du véhicule(deux à la place du chauffeur!) ! Le chauffeur avait la moitié du corps de sortie par la fenêtre, un passager était chargé de changer les vitesses et moi je gueulais derrière pour qu'il s'arrête...  Il faut dire que ce n'est pas très rassurant quand on voit les nombreuses carcasses de voitures qui s'accumulent ici et là sur le chemin entre Cotonou et Lokossa. Les compteurs de vitesse qui ne fonctionnent jamais, les essuie-glaces qui sont en fait un torchon dans la main du chauffeur qui se charge de conduire et d'essuyer la fenêtre en même temps, les autos qui démarrent quand on appuie sur le bouton du chauffage (ils ont dû bidouillé ça après avoir perdu la clé!) sont tout autant de choses qui font que je suis très stressé lors de mes voyagements en Cotonou et Lokossa. En même temps, je me rassure en me disant que si ces véhicules (qui datent souvent des années 70!) sont encore sur la route après trente et quelques années, elles doivent avoir un bon ora.

La fameuse Peugeot 504 en avant plan

Depuis mon arrivée au Bénin, je recherche partout où je passe des signes des cultes vaudous. Par exemple, lorsqu'un drapeau blanc flotte au dessus d'une maison, ça annonce le déroulement d'un culte dans cette maison. Où parfois on retrouve des statuts enduite d'un espèce de liquide jaunâtre devant la résidence de certains habitants, c'est aussi annonciateur de familles vaudous. Lors d'une soirée à Bohicon chez mon collègue Marc-André, l'autre superviseur canadien au Bénin, son colocataire béninois s'est mis à nous raconter des histoires liées au culte vaudou. Après ces histoires, nous sommes sortis dehors et je regardais dans les arbres voir s'il n'y avait pas des sorciers de perchés: j'avais peur! Un dimanche matin alors que je me promène dans mon quartier, j'aperçois un amoncellement d'enfants qui regardent un hibou posé sur une branche. Je ne comprends pas trop pourquoi un hibou crée une telle commotion, je me dis que ça doit être rare quand soudainement un vieux arrive et BANG; il tue le hibou avec un espèce de fusil fait maison (tuyau avec un ressort et quelques soudures). J'apprendrai plus tard que le hibou était en fait un sorcier envoyé pour tuer quelqu'un, mais que heureusement, maintenant qu'il est mort c'est celui qui l'a envoyé qui va mourir!

Lors d'une Journée d'activités éducatives autour du thème des religions, des participantes nous ont organisé une rencontre avec un chef vaudou de Lokossa. Le chef vaudou nous a expliqué que les cultes vaudous que lui fait n'ont que des vocations positives mais que certains initiés utilisent le vaudou à des fins négatives et que c'est ça qui est dangereux. Les participants canadiens et moi avions de grandes attentes face à cette rencontre durant laquelle on nous avait promis des démonstrations qui allaient semble-t-il nous subjuguer...  On mélange deux poudre et ça fait du feu... (Chimie 436 au secondaire!) On dit qu'on peut nous dire notre avenir mais finalement on nous le dit pas... On fait brûler de la poudre de phosphate sur de l'eau...  Et finalement la plus achevée comme démonstration: un personnage couvert de foin danse sur des rythmes africains... Quand on retourne le costume, il y a personne à l'intérieur seulement qu'une figurine d'argile qui fume une cigarette... (Voir le vidéo!) Encore là, c'est assez facilement explicable mais je vous dis pas le secret sinon un hibou va venir me tuer dans la nuit! Personnellement je peux dire qu'après cette rencontre je ne crois pas aux cultes vaudous mais je les respecte et je respecte ceux qui y croit. Il faut bien croire à quelque chose pour se retourner vers ça quand ça ne va pas! Dieu, Allah, Le roi Vaudou, la Vie... All the same pour moi! Ça donne de l'espoir à ceux qu'y en ont besoin!

Le week-end dernier nous nous sommes rendus à Grand-Popo, un village balnéaire à la frontière du Togo. Nous y avons tenu la rencontre de mi-projet durant laquelle nous avons fais un bilan des différentes composantes du programme, soit les projets de travail, les famille d'accueil, les relations entre homologues, etc. Ce temps d'évaluation nous a permis d'entamer la deuxième demie du projet en sachant sur quoi le groupe et les participants doivent travailler afin d'améliorer leur expérience Jeunesse Canada Monde. Nous étions installé dans un dortoir entouré de palmiers à quelques mètres de la mer; assez paradisiaque comme décor! Le soir, en bon canadiens que nous sommes, nous avons fait un feu de camps sur la plage. Premier défi, trouver du bois! Je croise un gars qui marche sur la voie avec un paquet de bois sur la tête, je lui demande où il a pris son bois... 2000 cfas plus tard le gars revient avec un ami et deux gros paquets de bois. Je pense qu'à ce prix, on s'est royalement fait avoir, mais bon... ça l'a fait sa soirée et la nôtre aussi!

En bon superviseur, j'ai bien sûr pris soin de m'informer si la plage était sécuritaire le soir, et selon le directeur de l'endroit où nous dormions il y n'y avait aucun problème...  Bizarrement, il n'y avait au début que des canadiens autour du feu... Ce n'est que plus tard que quelques participants béninois sont venus nous rejoindre en nous avouant qu'ils avaient peur de la plage car des histoires courent comme quoi une sirène viendrait enlever les hommes s'aventurant trop près de la mer la nuit. Je vous le confirme nous n'avons observé aucune sirène, que des belles étoiles filantes!

Si vous avez déjà été malade à l'étranger (spécialement en Afrique), vous avez sûrement déjà eu ce sentiment de "hmmm... pas sûr" en arrivant devant l'hôpital. Des gens couchés partout dans les corridors, des équipements qui doivent dater des années 70, en rentrant dans l'hôpital il y a cette odeur qui vous rappellent que le déo c'est typiquement occidental, effet accentué par le fait que la majorité des patients ont marché longtemps sous le soleil pour se rendre à l'hôpital de zone... Jusqu'à là c'est assez typique des hôpitaux que l'on retrouve en dehors de la capitale. Rajoutez à cela un médecin chinois qui ne parle ni français, ni fon, ni anglais et vous avez la visite médicale la moins rassurante de votre vie. C'est ce que j'ai vécu ce matin en me présentant à l'hôpital de Lokossa avec un participant canadien souffrant d'une otite.

Nous sommes encore sur le banc de la salle d'attente quand le médecin vient nous chercher dans la ligne d'attente voyant en nous de bons interprètes... Un petit bébé de deux semaines est dans les bras de sa mère. Le médecin nous pointe le mot "nez" sur une liste de mot français accompagnés de leurs traductions chinoises. On répète "nez" à la dame... Le médecin touche le nez du bébé et nous sort son français en disant "Mal mal mal". Le médecin nous pointe le mot inflammation sur sa feuille. Nous faisons le lien en annonçant à la mère que son bébé à une inflammation du nez. Le médecin dit quelques choses en chinois avec un sourire de vainqueur, il a trouvé le mot "rhinite" sur sa feuille! Je dis à la dame que son bébé à une rhinite, le docteur commence à écrire sa prescription... La dame se met à parler en fon le dialecte local, elle ne parle pas français!... Et hop, nous partons à la recherche de quelqu'un qui parle fon et le français. Une fois cette personne trouvée et la dame rassuré sur l'état de santé de son poupon, le médecin nous demande de rester avec lui pour la prochaine consultation. Un jeune béninois rentre dans le bureau du médecin, il a un gros abcès au visage, nous pouvons voir sur sa face qu'il est surpris de voir un médecin chinois dans un hôpital africain. Quand le médecin s'essaie à lui parler en français, le patient nous regarde les yeux grands comme des trente sous avec un grand sourire, nous comprenons immédiatement que malgré nos nationalités différentes, nous partageons ce même sentiment de  "hmmm... pas sûr". Heureusement, une fois rendu au tour du participant canadien, un infirmier béninois arrive pour assister le médecin chinois, ils semblent s'être développés des codes pour se comprendre. Il a bel et bien une otite, après une série de "Mal mal mal"  nous repartons avec une liste d'antibiotiques assez longue pour fournir un village en entier. Bonne nouvelle... l'équipe médicale chinoise quitte le Bénin lundi prochain!


 

Section vidéo

Il n'y a pas juste de vidéos de chiens qui font des acrobaties sur youtube... Il y a aussi quelques extraits de vidéos que je fais afin de mieux partager avec vous ma réalité béninoise. Vous les trouverez ci-dessous.

Les enfants de l'orphelinat qui font une chanson de Tiken Jah Fakoly

 

Les enfants de l'orphelinat de Lokossa sont très dynamiques! Ils ont gagné plusieurs concours dans le Bénin avec ce spectacle de danse et chants. Voici un court extrait de ce spectacle qu'ils ont fait pour les participants du programme

Rencontre avec la culture Vaudou

 

Voici un culte vaudou où un personnage danse sous un costume de foin. À un certain moment, on enlève le costume pour se rendre compte qu'il n'y a personne à l'intérieur... Mystère et boule de gomme!

 


Petite mise à jour sur les réparations faites sur ma moto au cour de mes cinq dernières visites chez le garagiste:

  • Changement de la chaîne

  • Changement de la suspension avant

  • Changement de la batterie

  • Changement des ampoules des clignotants (3 fois)

  • Changement du roulement de la roue avant

  • Changement de la chambre à air (2 fois)

  • Soudures diverses (2 fois)

  • Changement d'huile

  • Nettoyage du carburateur

Quand je vous dis que ma moto c'est un taco!

 

En terminant je vous laisse avec ce proverbe africain

" Ne brandis pas dans l'air le serpent que tu as tué,
 les autres te surveillent. "

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