Il nous arrive tous un jour ou l'autre de recevoir un signe venu d'outre part... Un évènement qui peut nous paraître banal sur le coup, mais qui, après réflexion, est extraordinaire et nous apparaît clairement comme un message nous indiquant que quelque chose est dû pour arriver cette journée là. Une sorte d'apparition de la Sainte-Vierge, mais sans sainte ni vierge...

Si je commence mon journal par cette réflexion un peu psychédélique, c'est que ce soir je n'ai pas eu un, ni deux mais bien trois de ces signes et ce, dans la même heure...  Après un petit debriefing avec moi même, je me suis dit que ces signes voulaient sûrement me signifier que ça fait plus d'un mois que je n'ai rien écrit ici et que je suis dû. Avant d'aller plus loin dans mes récits je vais partager avec vous cette enchaînement d'évènement à la manière d'un scénario de 24 Heures Chrono. Pardonnez moi l'utilisation de la troisième personne en parlant de moi, je ne suis pas prétentieux, c'est pour respecter le style scénario  (Pour ceux qui ne connaissent pas 24 heures Chrono, c'est une télé série policière américaine qui se déroule en temps réel... Populaire ici, on y devient vite accro... J'ai vu les 6 saisons sur dvd en environ 3 semaines)

Basé sur des faits réels, cette fois-ci c'est promis, ce récit n'est pas une fiction.

Lieux:

La scène se déroule à Sakete au Bénin, une petite ville dans la brousse au nord de la capitale Porto Novo.

Protagonistes:
JF: Le superviseur du projet Jeunesse Canada Monde

Mhossad: Le chien nouvellement adopté par JF

(La scène débute sur un fondu sur les chiffres d'un chronomètre qui évolue avec ce bruit de tic tac tic tac...)

11 décembre 2007: 19:01

JF est assis au salon. Il écoute "I'm dreaming of a White Christmas". Nostalgique il se rappelle les temps des fêtes de son enfance, les soirées passées à construire des châteaux de neige devant sa maison en attendant que les films de Noël débutent à la télévision. "Le bon vieux temps" qu'il se dit. Ici à Sakete, (la nouvelle communauté qu'il habite après avoir terminé la portion à Lokossa) le temps des fêtes commencera à 18:00 le 24 décembre et se terminera à 0:00 le 25. Il s'ennuie de cette ambiance familiale et chaleureuse du temps des fêtes. Sur un élan passionné JF commence à chantonner le Minuit Chrétien... "Peuple à Genoux... Attends ta délivr....." Il est abruptement interrompu par l'entrée fracassante de Mhossad, il est son nouveau chien et il se bat avec quelque chose... Croyant d'abord que le chiot est une fois de plus entrain de faire ses dents sur ses gougounes (lire flip flop pour les français), JF ni porte pas trop attention... Jusqu'à temps que JF réalise qu'il a.... SES GOUGOUNES DANS LES PIEDS!... En fait, le chien est en fait entrain de se battre avec l'insecte le plus affreux que JF aie vu en Afrique. Un espèce de scarabé avec une grosse corne, le truc essaie de s'enfuir en s'envolant mais Mhossad est plus rusé et il le rattrape au vol... L'insecte à carapace doit bien faire 10 cm de long et 5 cm de large. Voulant éviter un empoisonnement de son chien, JF lui arrache l'insecte en lui proposant plutôt sa gougoune (flip flop rappellez-vous les français!). Pris de panique face à ce coléoptère géant, JF attire l'insecte sur une feuille de papier et l'expulse du deuxième étage de son appartement. Ses ailes ayant été abîmés par les crocs de Mhossad, l'insecte s'écrase deux étages plus bas. JF et Mhossad s'échange un regard à la Clint Eastwood et retourne à leurs occupations.

 (Fondu sur les chiffres d'un chronomètre qui évolue avec ce bruit de tic tac tic tac...)

LE clin d'oeil...

19:15

Remis de ses émotions, JF utilise son téléphone cellulaire afin d'appeler sa copine Aline en France. Catastrophe, un message enregistré lui annonce que ce numéro de téléphone n'est plu attribué... L'aurait-elle oublié et quitter pour un autre plus velu et jouant de la guitare... (ennemis jurés de JF: les velus jouant de la guitare) et ce, en prenant bien soin de changer de numéro de téléphone... Non, il s'est simplement trompé de numéro. Fiou! Elle décroche, heureuse de cette appelle, il discute pendant plusieurs minutes jusqu'à temps que JF ressente quelque chose lui toucher le pied, il regarde, Mhossad est là, couché à ses pieds et le regarde bêtement (c'est un chien), probablement les poils du chien qui le chatouille. Il n'en fait pas mention... Jusqu'à temps que la sensation sur le pied se déplace rapidement du pied à sa cheville et finalement à sa cuisse. JF se lève en panique, il sautille sur place et crie comme une fillette... Il n'a pas le temps de réaliser ce qui vient de dérouler que le chien à déjà la chose entre ses crocs. Ce truc sur ces pieds était en fait un lézard qui après  être passé sur les mollets de JF, songeait probablement à s'attaquer à ses parties les plus intimes. Troublé par ces évènements, JF trouve du réconfort dans les propos d'Aline, qui quelques 6000 kilomètres plus loin, lui dit que ce genre de chose est normal car il se trouve en Afrique! Une fois de plus, Mhossad et JF forme une équipe redoutable, d'un coup de croc, Mhossad transperce le mince crâne du reptile et mets fin à ses jours. JF installe le lézard sur le bord de la fenêtre comme un trophée de chasse qu'il laissera sécher au soleil. JF et Mhossad se tapent main contre patte et s'échange un clin d'oeil.

 (Fondu sur les chiffres d'un chronomètre qui évolue avec ce bruit de tic tac tic tac...)

19:30

Les récents évènements ayant éveillé la faim chez nos deux comparses, JF entreprend d'aller acheter une baguette de pain et des macaronis chez les mama africaines qui préparent dans la rue. Il est convenu entre lui et Mhossad que celui-ci restera à la maison afin de garder le fort, les voisins étant terrifiés à la vue de ce chiot, personne n'oserait s'aventurer chez JF sachant que Mhossad s'y trouve. Habitant un deuxième étage, JF doit descendre une cage d'escalier mal éclairée avant de sortir. Une fois au bas des marches, il cherche l'interrupteur de la lumière afin qu'à son retour sa montée dans l'escalier soit moins périlleuse. Il remarque dans la pénombre que le mur de ciment semble taché... Comme si quelque chose avait giclé dessus. Il accélère la recherche de l'interrupteur. MALHEUR! En touchant l'interrupteur, il touche aussi des centaines de fourmis géantes se trouvant sur le mur... JF sort dehors et recommence à sautiller et à crier comme une fillette en essayant de se défaire de potentielles fourmis qui auraient pu le recouvrir. Ses voisines accourent en le voyant ainsi paniquer... Elles rient toutes de lui en voyant qu'il crie pour quelques fourmis... C'est avant que JF leur pointe la porte de bois entièrement recouverte de fourmis... Réalisant l'ampleur de l'envahissement, les plus petites s'arment de branches de palmiers séchées (utilisées ici comme balaie) afin d'éliminer les fourmis pendant que les plus vieilles vont chercher de l'essence et une torche afin d'incendier cette géante tâche de fourmis elles aussi géantes... La scène est toutefois risible, avec les enfants, les voisines et maintenant le propriétaire qui est sortie de chez lui, nous sommes sept à sauter sur place afin d'écraser les fourmis qui tombe sous les coups de balaies et de torches enflammées. La porte étant maintenant ouverte, Mhossad se joint à la partie en mangeant les fourmis qui longe le mur et le plancher. JF quitte la scène afin d'aller acheter son pain et son macaroni avant la fermeture des petites boutiques. À son retour, 15 minutes plus tard, une petite voisine est toujours là, entêtée, elle tue une par une les fourmis et ce, avec ces pieds nues! Mhossad est assis à l'intérieur, il n'a plu faim... Il s'est rassasié dans les fourmis.

 

Le duo qui gagne toujours...

 

(Fondu sur les chiffres d'un chronomètre qui évolue avec ce bruit de tic tac tic tac...)

 

19:45

L'épisode se termine sur une vue du salon où tout à commencé. JF continue à chantonner Minuit Chrétien où il s'était arrêté 45 minutes plus tôt. Mhossad et JF se partage du pain et du macaroni aux tomates et oignons. Les deux protagonistes semblent enfin avoir trouvé la paix... La scène se termine sur le gros plan d'un rat qui les regarde à travers l'entrebâillement de la porte....

À suivre

(Fondu sur les chiffres d'un chronomètre qui évolue avec ce bruit de tic tac tic tac...)

(Fondu au noir et générique)

Je vous ai dit que ce n'était pas une fiction... Je voulais l'arrêter mais je me suis dit qu'il valait mieux ne pas intervenir dans la chaîne alimentaire! Après la mort du Gecko (l'un des 18 qui habite mon appart!), je me suis rappelé avoir déjà payé 130$ dans un pet shop au Québec pour cette affreuse bestiole. Remarquez la rage dans les yeux de Mhossad sur la 3ième photo...

Vous comprendrez qu'après tout ces signes je n'avais d'autre choix que de faire une mise à jour de mon site. La voici donc!

Remontons jusqu'au 31 octobre dernier: l'Halloween! JCM étant un programme d'échange culturelle, nous avons organisé une petite soirée halloween afin de présenter cette fête à nos amis béninois. Le plan de la soirée était de se déguiser et d'aller distribuer des bonbons aux enfants des familles d'accueils en leurs expliquant la signification de l'halloween au Canada. Ce fut un grand succès! Voici donc notre halloween en photos:

Comme la plupart d'entre-vous le savez déjà, j'ai eu la chance d'accueillir Aline ma copine durant le mois de novembre dernier. J'étais tellement heureux de la retrouver le soir après une journée bien remplie avec les participants, question de mettre l'interrupteur à "Off" et de passer à d'autres choses. Pendant que moi je m'occupais de mes affaires avec le groupe, Aline s'occupait dans deux structures de Lokossa soit l'orphelinat et la maternelle. À l'orphelinat, Aline et moi avons tenté de sensibiliser les nourrices là bas au cas d'un jeune orphelin albinos manquant terriblement de soins appropriés... Après avoir fait une visite au dermatologue avec ce jeune couvert de boutons et de plaies pustuleuses, s'étant révélées être des brûlures solaires, nous avons débuté un traitement afin d'arrêter l'infection et nous nous sommes surtout assurés que les gens de l'orphelinat était avisés des soins particuliers nécessaires à ce jeune albinos. En fait, lui couvrir le corps et la tête est la seule et unique solution pour prévenir ces brûlures solaires. Ici les albinos sont perçus comme la conséquence d'un mauvais agissement de la part des parents, c'est pour cette raison qu'ils sont souvent abandonnés à la naissance.  Il a été très frustrant pour nous d'apprendre que depuis son arrivée à l'orphelinat il y a 5 ans, ce jeune n'avait jamais eu une consultation médicale et ce malgré sa condition particulière.

L'Afrique étant le continent favoris des grands fléaux, on y trouve beaucoup de structures oeuvrant à améliorer la qualité de vie de ceux qui y vivent: Centre de Promotion Sociale, Programme de réinsertion socioprofessionnelle des ex prisonniers, programme de sensibilisation au planning familial, organisme faisant la promotion de l'alphabétisation, des orphelinats, etc... Cependant il m'a été possible d'observer à plusieurs reprises que bien que ces structures aient un bel organigramme et une belle planification annuelle, très peu d'entre elles sont réellement fonctionnelles... Souvent on m'explique qu'un financement à été alloué afin de créer la structure mais qu'aujourd'hui les fonds sont épuisés et qu'à défaut de fermer boutique, les gens subsistent avec leurs minces salaires et tente de trouver de nouveaux bailleurs de fonds. Un modèle que j'ai vu dans quelques villes au Bénin et qui semblent bien fonctionner est le partenariat Nord-Sud entre deux villes. Par exemple à Lokossa, la commune est rattachée à une ville partenaire en Belgique qui finance des projets bénéficiant à toute la communauté et ce, sur une base annuelle. Espérons que l'orphelinat de Lokossa bénéficiera de ce partenariat un jour. Elle en a bien de besoin. Ce qui m'amène à vous parler des problèmes administratifs présents dans ces structures sociales... Bien souvent nous allons retrouver des gens ayant le coeur sur la main dans ce type d'organisation, mais bien peu de gestionnaire. C'est selon moi ce qu'il manque à plusieurs ONG ici. Je constate que plusieurs ressources financières et matériels sont disponibles à travers les partenariats Nord-Sud, les services sociaux, les ONG internationaux, les programmes de développement au niveau du gouvernement local, mais que ces structures potentiellement bénéficiaires manquent de gens aptes à remplir les formulaires et les dossiers nécessaires à l'obtention et la gestion de ces financements. Personnellement, je crois que certains ONG internationaux devrait arrêter d'envoyer des stagiaires en design web et plutôt envoyer des stagiaires en administration ou en représentation. Je me rappelle d'un petit ONG au Niger qui en était à son quatrième stagiaire en design web... À plus ou moins 10 000$ par stagiaire pour un séjour de 3 et 4 mois, je me demande parfois ce qui passe par la tête des ONG internationaux... C'est bien beau une page web mais ça ne prend pas  un an à faire et si c'est juste une façade et qu'il n'y a rien derrière...

La porte du Non Retour à Ouidah.

La cathédrale de Ouidah; un vestige colonial.

Le séjour d'Aline a donc duré du 29 octobre au 29 novembre, nous avons eu la chance de visiter ensemble la ville de Ouidah, où se trouve la Porte du Non Retour. C'est une ville côtière qui a servi de porte de sortie vers les Amériques lors de la traite négrière. Plusieurs centaines de milliers, voir des millions d'Africains provenant du Bénin, Mali, Burkina Faso et du Niger y ont transité après avoir été achetés ou même échangés contre des pacotilles aux exploitants négriers. Les esclaves étaient mis en attente dans des campements près  de la mer,  on s'assurait qu'ils étaient en assez bonne santé pour survivre à la traversée sans quoi ils étaient sujets aux fosses communes construites non loin de la mer. J'ai été bien surpris d'apprendre que des africains avaient pris part à la traite négrière, effectivement des rois n'hésitaient pas à échanger leurs sujets en masse contre encens, miroir et autres produits du nouveau monde. Et pourtant ces rois étaient toujours aimés et supportés par les populations peuplant leurs royaumes.

Outre la Porte du Non Retour, Ouidah est une ville très intéressante pour ces musées et son bord de plage! Nous en avons bien profité Aline et moi. Ayant la chance d'être là un jour où la mer était calme nous en avons profiter pour nous baigner, manger un bon repas et finalement boire une grande Béninoise (bière locale) au coucher de soleil... Il faut bien se gâter des fois! 

Le lendemain nous avons visité le musée de Ouidah. Consacré à la traite négrière et à la période de colonisation,  nous avons été choqué de voir le diagramme qui indiquait aux équipages des bateaux comment placer les esclaves ergonomiquement  afin d'assurer la plus grande rentabilité pour celui affrétant le bateau. Comme nourriture, le stricte minimum pour qu'ils survivent jusqu'à destination. Lorsque l'un des esclaves montrait des symptômes de maladie, on le balançait vivant par dessus bord pour éviter qu'il ne contamine les autres. Bien triste histoire que celle de l'Afrique.

Je vous ai dit plus haut que j'habite maintenant Sakete. Le programme prévoyait les trois premiers mois à Lokossa et les deux derniers mois à Sakete. Cette nouvelle communauté est vraiment différente de Lokossa. Elle est beaucoup plus petite et beaucoup plus traditionnelle. Ainsi il n'est pas rare de croiser des "revenants" dans la rue, un rituel vodou fait sortir de la terre certains personnes importantes déjà mortes afin de les faire parader dans la rue et demander de l'argent... Le jour où je serai inviter au cimetière pour un tel rituel je vous dirai si c'est vrai!

C'est celui avec un chapeau le revenant... Ceux avec des tissus à carreaux ce sont ses gardiens. Après cette photo ils se sont diriger vers nous... J'ai eu peur.. Je n'avais que 5 francs cfas dans mes poches (équivalent à 2 cents), je lui ai donné et il l'a lancé par terre. J'ai pas osé lui demander s'il prenait Visa/Mastercard...

ps:Les deux gardiens masqués sur cette photo semble être des débutants, ils doivent regarder leurs pieds pour ne pas s'enfarger!

Sakete étant à quelques kilomètres du Nigeria (islam), quelques minutes de Porto Novo (catholique) et à la porte de la région du Plateau où l'on retrouve entre autre le rituel egungun (vaudou) on y retrouve tout un mélange culturel. Bizarrement toutes ses cultures différentes se mélangent parfaitement, , mosquée et église catholique se partage pratiquement le même terrain. Ainsi je connais un homme musulman marié à une chrétienne et qui est un grand chef du culte egungun (vodou). Je vais conseiller à la mairie de Sakete d'envoyer un stagiaire siéger en tant que consultant à la commission Bouchard formée sur les accommodement raisonnable au Québec. Chez nous, les catholiques porteraient plainte parce que les mosquées font trop de bruit le matin, les vaudous se plaindraient de ne pas pouvoir pratiquer leurs rituels librement et les musulmans se plaindraient d'être musulmans dans un pays catholique...

Une autre particularité de Sakete, on peut y faire tout les déplacements à pied. Enfin, nous n'avons plus à risquer notre vie à tout moments sur les Zemidjan (moto taxi). Par contre qui dit petite ville dit aussi rumeurs et potinages... Chez certain participant, ce phénomène vient affecter la dynamique dans la famille d'accueil. La relation de confiance avec leurs familles semblent plus difficile à établir. Un exemple du phénomène... Lorsqu'un participant ne respecte pas le couvre feu établi par sa famille d'accueil, le lendemain matin nous l'apprenons à la première heure de la bouche de ses voisins qui nous interpellent dans la rue pour nous rapporter le manquement. C'est parfois positif mais d'autre fois ça peut être assez risqué... Par le passé dans le programme Jeunesse Canada Monde, un groupe s'est vu pratiquement expulsé de la communauté d'accueil suite à de fausses rumeurs sur les participants...

Profession: Casseur de pierres

Age: 9 ans

Au début du mois de novembre, nous nous sommes rendus à Savalou, une ville à 3 heures au nord de Lokossa. Les trois autres superviseurs et moi avons planifié un week-end de mi-projets des superviseurs afin d'échanger sur ce qui va et ce qui ne va pas, échanger sur les dynamiques de nos deux groupes, comment s'assurer que la deuxième partie du programme se terminera en beauté etc... Ayant aussi prévu de visiter la ville hôte de cette rencontre, Aline nous y accompagne. Pendant nos sessions entre superviseurs, elle part découvrir de quoi sont faites les rues de Savalou. Étant dans une région avec un relief très accidenté, plusieurs collines entourent la ville. Pour cette raison, Savalou est reconnu pour la qualité des pierres qui sont extraites de ses collines. Une fois extraites de la paroi rocheuse, ces pierres sont concassées pour fabriquer ciment et béton. Le travail de casseur de pierres étant le plus bas dans la chaîne de fabrication du ciment, et donc le moins payant, on laisse cette tâche aux enfants et aux femmes. Arnault m'amène à quelques minutes du lieu de notre réunion afin de me montrer les conditions dans lesquels les casseurs de pierres travaillent. Ayant comme seul outils un marteau et un cerceau pour retenir les pierres ensemble, plusieurs enfants sont assis aux cotés de gros tas de pierres et concassent pendant plusieurs heures par jour. Je remarque que les enfants sont couverts de cicatrices, un d'eux a une plaie récente à quelques centimètres seulement de son oeil, n'ayant aucune protection contre les éclats de pierres qui sont projetés à chaque coup de marteau, les blessures font parties de la charge de travail.

Le samedi après-midi nous sommes invités à visiter une petite usine de noix d'acajou. Après avoir vu tout le travail qu'il y a pour extraire une seul noix, je comprends maintenant pourquoi les noix d'acajous coûtent environ quatre fois plus chers que les arachides. La noix est extraite du milieu d'un fruit qui est dur comme du bois. Après avoir fait chauffé le fruit et l'avoir trié, des femmes se chargent d'écailler le fruit pour aller y chercher la noix au milieu à l'aide d'une écailleuse qui grâce à un levier et à une lame permet d'ouvrir le fruit. Ensuite, la noix est cuite au four pendant plusieurs heures et finalement trier une deuxième fois.  C'est très impressionnant de voir la vitesse à laquelle les femmes utilisent leurs machines à écailler, j'essaie une fois pour faire mon "smart"... Je n'arrive pas à ouvrir le fruit, j'ai peur de me couper un doigt... Les femmes trouvent le blanc bien drôle. Au milieu il y a une femme qui fait le chemin entre son écailleuse et son enfant d'environ 2 ans qui l'accompagne au travail...  Les meilleurs "cachous" que j'ai mangé dans ma vie, je les ai mangé à Savalou! 

Sur le chemin du retour, nous arrêtons à Dhassa. Ceux qui ont bien suivi leurs cours d'enseignement religieux seront capable de me dire ce qu'il y a eu à Dhassa. Allez! Un petit effort! Tout bon chrétien devrait savoir ça! Bon... vous donnez déjà votre langue au chat.. Aujourd'hui devenu un grand lieu de pèlerinage chrétien, la Ste Vierge y aurait fait une apparition dans une caverne. Semble-t-il que des gens viennent de partout dans le monde pour y voir "rien". Elle aurait au moins pu autographier un mur avant de repartir...  Nous débarquons de la voiture face à une grosse église vide, dans une caverne il y a une statue de la Ste Vierge qui semble attendre quelque chose les deux bras ouverts. Derrière la caverne il y a un chemin qui monte dans la colline avec un très sévère panneau qui nous ordonne de "Marchez à Genoux!"...Comprenez que nous n'avons pas ici les très propres escaliers de l'oratoire St-Joseph à Montréal, on parle plutôt de marcher à genoux dans les roches pointus, les peaux mortes de serpents et même (bizarrement!) un piège à rat dissimuler sur la montée! Bref, nous suivons le chemin en "Marchant à Pied!" On y trouve de gigantesques pierres qui forme la colline mais pas de Ste-Vierge... Peut-être qu'il fallait absolument monter à genoux!

Pendant que nous sommes dans le christianisme: Un ami béninois me demande si je connais l'ONG le plus riche au monde et qui ne doit rendre de compte à aucun bailleur de fonds? "Euh...Unicef peut-être"  Non! C'est l'Église qu'il me dit! Je n'ai pas de mal à le croire en voyant partout les bonnes soeurs qui se déplacent en Peugeot de l'année...

 

 

Au niveau du groupe Jeunesse Canada Monde que je supervise ici à Sakete, c'est très intéressant d'observer la dynamique du groupe sur cinq mois. Au début nous avions les canadiens d'un bord et les béninois de l'autre. Maintenant nous avons des couples entre canadiens et béninois!  Étant pour la majorité à leur première expérience en dehors de leurs familles pour une aussi longue période de temps (spécialement dans le temps des fêtes) plusieurs ont le moral qui vacille. Une semaine ça va mal car il s'ennuie de leurs familles et du temps des fêtes... La semaine d'après ils angoissent à l'idée de retourner au Canada dans leurs vies de jeune canadien qui doit faire des choix pour sa vie. J'ai un participant canadien qui est devenu plus africain que certains participants béninois! Chaque fois que je vais le visiter à sa famille, il est soit entrain de plumer un poulet, courir après un cochon dans la boue ou encore entrain de préparer la pâte (mets typique du Bénin) avec sa mère d'accueil. Ça fait plaisir à voir mais un peu humiliant aussi quand il vient me parler en fon (la langue local) et que je ne comprends rien!

Un canadien participant à la cuisine familiale

 Le groupe lors d'une session d'initiation à  la religion hindouiste

Nous commençons tranquillement à planifier la fin de séjour car elle arrive à grand pas! Le 24 janvier prochain nous serons de retour au Canada. Je serai à Montréal pour 2 ou 3 semaines et ensuite je pars vers la France retrouver ma belle Aline (youpi!). Ensuite possiblement un autre contrat avec JCM vers la fin mars... Quel pays?... Une histoire à suivre!

N'oubliez pas d'aller voir ma section photographie qui est aussi à jour!


 

Section vidéo

Il n'y a pas juste de vidéos de chiens qui font des acrobaties sur youtube... Il y a aussi quelques extraits de vidéos que je fais afin de mieux partager avec vous ma réalité béninoise. Vous les trouverez ci-dessous.

Docteur Mal Mal Mal

 

Vous vous rappelez du docteur Mal Mal Mal (voir chronique précédente) le voici en grande primeur! Merci au participant béninois qui à fait son projet de travail avec lui et qui a accepté de filmer son milieu de travail.

Femme à éviter au Bénin...

 

 

Marc-André, l'autre superviseur JCM, nous explique le type de femme à éviter au Bénin... :)

Rencontre avec la culture Vaudou Part 2

 

Vendredi soir dernier j'ai été invité à une fête vaudou... Après plusieurs minutes de marche, nous sommes arrivés dans le fond d'une ruelle où dansait cet homme. Je n'ai pas tout compris et celui qui m'a amené ne pouvait pas m'expliquer...

 


Petite mise à jour sur la moto... J'ai dû la rendre à celui me l'avait gentiment prêté à Lokossa... En arrivant à Sakete, Arnault m'a trouvé un jolie vélo de montagne avec suspension avant/arrière... Une bombe de vélo! Une bombe qui a explosé...

Bilan des réparations au vélos dans les trois premiers jours:

  • Monter la scelle... 4 réparateurs plus loin... Pas réussi

  • Serre la vis du volant qui est "lousse"

  • Le mécanicien serre trop et brise les filets

  • Une soudure pour réparer les filets

  • La vis casse: visite chez 3 réparateurs pour trouver une vis

  • Le dérailleur casse en deux

  • Le vélo passe de 21 vitesses à 1 vitesse après bidouillage pour enlever le dérailleur

  • En pleine promenade, le guidon s'enlève et me reste dans les mains...

  • J'abandonne @#%&#$* je vais marcher!

 

En terminant je vous laisse avec ce proverbe africain

Le même que la dernière fois car il y a beaucoup de serpents à Sakete! Pour la prochaine chronique je vous promets une photo à la Steve Irwin! (celui qui maniait le serpent comme un cowboy manie son lasso...)

" Ne brandis pas dans l'air le serpent que tu as tué,
 les autres te surveillent. "

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